En France, 571 publications par minute sur internet parlent de sexe.
Les français sont friands d’emojis à connotations sexuelles, ils sont parmi les plus utilisés sur les réseaux sociaux.
On compte environ 7,2 millions de posts avec l’émoji pêche, 2,7 millions avec la banane et 2,1 millions avec le sigle moins de 18 ans. Ces symboles peuvent paraître anodin, mais ces emojis sont utilisés pour faire allusion au sexe. 🍆🍌🍑🔞
La plupart des adolescents possèdent un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Avec ces outils à portée de main et peu ou pas de limites pour les utiliser, ils ont accès à une multitude d’informations portant sur la sexualité.
De nos jours, les réseaux sociaux permettent aux jeunes de libérer leur parole, de s’exprimer avec moins de « gêne », de débattre avec des gens qui viennent de loin, de différents âges.
Les mouvements mis en place au cours de ces dernières années sur internet ont entraîné le body positive, l’acceptation des différents genres, des différentes sexualités… Mais surtout l’évolution de la place de la femme dans la société.
Se montrer sur les réseaux avec des poils, des vergetures, de la cellulite : cela devient de plus en plus courant et normal (car ça l’est), grand bien nous fasse ! 👌
Entre hashtags, publications, comptes ou messageries, le sexe devient moins tabou sur internet. Il n’appartient plus seulement aux hommes comme cela a été le cas pendant très longtemps. Les prises de paroles sexuelles sur Internet approchent de la parité : 52% de femmes et 48% d’hommes, malgré que les femmes soient beaucoup plus à l’aise sur ce sujet.
Il existe également de plus en plus des comptes twitter, Instagram de « confessions intimes » sur les expériences sexuelles les plus folles les unes que les autres, cela peut faire rire certaines personnes mais également en rassurer d’autres.
L'émergence des mouvements #MeToo et #Balancetonporc sur les réseaux sociaux a changé la manière d'aborder la sexualité. Les internautes parlent de consentements, de pansexualité, du plaisir féminin. Depuis une dizaine d'années, le clitoris investit les vidéos des youtubeurs et youtubeuses, autour du plaisir féminin, du désir féminin.
Sur TikTok, des comptes dédiés à parler de sexe font apparition : des gynécologues, des médecins ; et lorsqu’on regarde les commentaires : on ne s’attend pas à ce qu’autant d’adolescents réagissent, posent des questions, débattent… Des choses que l’on pourrait croire « banales » ou connues de tout le monde ne le sont finalement pas : le sexe pendant les menstruations, l’endométriose, le vaginisme et bien plus encore …
Les réseaux sociaux permettent également de supprimer la vision déformée et non réaliste du porno :
- La vision de la femme « parfaite », bronzée, musclée, sans poils
- Le plaisir et la jouissance masculine mis en avant
- La facilité à avoir un orgasme pour une femme (souvent simulé dans les films X)
- Le fait qu’il y ait une taille « standard » de seins, de pénis, de lèvres
- Le fait qu’il faille faire tout ce que l’on voit dans les films
Tout cela est faux ! Chaque physique est différent, le plaisir de la femme est tout aussi important que celui de l’homme, les femmes ne doivent pas se sentir obligées de jouir, le sexe doit être quelque chose de naturel et non de superficiel, fake.
LE MANQUE D’INFORMATIONS À L’ÉCOLE
L’éducation sexuelle : les lacunes de l’éducation. 📚
Au lycée, les thèmes abordés sont la procréation, la puberté, comment fonctionnent les appareils reproducteurs, comment avoir un enfant et la contraception...Chaque cours aborde donc le sujet à sa manière. En SVT on va parler de la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde, en français ce sera sur le sentiment amoureux par exemple.
Ayant eu peu d’éducation sexuelle en cours, les jeunes se sont retrouvés sans sources d’informations fiables, d’où le fait qu’ils se soient tournés vers internet.
Mais ce sont des cours. Ce ne sont pas des moments de discussion. Impossible de mettre en place des médiations, des moments importants pour l’expression, mais également pour rappeler la loi et définir le consentement.
Il est essentiel de créer un espace pour parler sexualité avec des professionnels, d’inciter chacun et chacune à comprendre ses propres limites et celles de l’autre, à respecter son rythme et celui de l’autre. Dans plusieurs pays européens, ce sont des psychologues ou des assistants et assistantes sociales des plannings familiaux qui viennent en milieu scolaire pour parler d’éducation sexuelle et relationnelle. Dans chaque établissement, des professeurs référent·e·s devraient être formé.e.s et disponibles lorsqu’un besoin de discussion peut émerger.
La masturbation et toute forme d'apprentissage d'une jouissance personnelle n'ont pas leur place dans le programme. Jusqu'à la dernière réforme du collège (2017), aucune trace de l’existence du clitoris dans les manuels scolaires quand la question de l'anatomie intime est abordée.
Or, à cet âge là, les adolescent.e.s se découvrent et ont besoin de savoir qu’il est normal d’explorer son corps, ses envies, ses préférences, il n’y a aucune honte à avoir à ce sujet. Il faut qu'ils.ellles comprennent comment fonctionne leur corps, c'est primordial.
Témoignage d’une jeune femme face à la masturbation : « Ça m'a permis de normaliser le fait que mon corps avait changé depuis mon enfance. Que oui, c'est normal, et non, ce n'est pas dégoûtant. »
Anna, 18 ans, franceinfo
Pour contrer ce manque d'informations chez les ados, de nombreux jeunes créateurs de contenus répondent aux questions et partagent leurs conseils sur les sexualités. Camille Aumont-Carnel, a créé la page sur Instagram @Jemenbatsleclito. Dès la rentrée prochaine, elle se rendra dans les classes pour échanger directement avec les élèves, faire de la prévention, répondre aux questions…
Alors OUI, c’est important de parler de sexualité sur les réseaux, mais il faut tout de même rester vigilant(e)s aux fausses informations.
Ça ouvre les conversations, les débats, ça renseigne et surtout, ça rassure.